Prix du Livre RH : succès pour Blanche Segrestin et Kevin Levillain

4 novembre 2019

Le 3 octobre dernier, Blanche Segrestin et Kevin Levillain, co auteurs (dir.) de La mission de l’entreprise responsable, principes et normes de gestion, ont reçu le Prix du Livre RH, créé par Syntec Recrutement avec Le Monde et Sciences Po. Un nouveau succès pour ces enseignants chercheurs, tous membres du Centre de Gestion Scientifique de MINES ParisTech, dont les travaux ont inspiré la création du statut d’entreprise à mission, dans le cadre de la loi PACTE, qui fonde de nouveaux schémas de responsabilité.

Pour les auteurs, « ce Prix est une reconnaissance forte », rassemblant trois univers concordants : la presse, l’action publique et le management. C’est aussi le signe d’une recherche féconde et une mise en lumière de leur travail. « La loi Pacte était une étape nécessaire mais modifier le droit ne représente que le début du chemin. La pédagogie est un enjeu très important », souligne Kevin Levillain. " C’est aussi une reconnaissance de la valeur des partenariats tissés dans le cadre la chaire Théorie de l’Entreprise, Modèles de Gouvernance et Création Collective ", précise-t-il.

A propos de ce livre

En revenant sur la conception originelle de la « bonne gestion », sur la théorie de l’entreprise et sur l’histoire du droit des sociétés, ce livre collectif montre que la formulation d’une « mission », librement définie par l’entreprise et inscrite dans ses statuts, favorise, dans et hors de l’entreprise, un engagement collectif et une réelle solidarité dans la construction de futurs inconnus et désirables.


De l’outil de gouvernance à la bonne gestion

 « Jusqu'à présent nous avons beaucoup travaillé sur le droit autour de l'entreprise, examinant en quoi les dynamiques de gouvernance les plus récentes avaient mis à mal la capacité de l'entreprise à contribuer à l'intérêt collectif. Avec ce nouveau livre nous nous intéressons directement aux évolutions de sa gestion « responsable », sous un angle historique notamment, reprenant les fondements de la « bonne gestion » à Rome, jusqu’aux transformations de l’actionnariat depuis les années 1980.. » La mission, qui est cette évolution très récente portée par la loi PACTE, permet de définir explicitement ce que le dirigeant entend par « bien diriger l'entreprise ». Cette mission, comprise initialement comme un outil de gouvernance, devient aujourd’hui un outil cohérent avec la bonne gestion.

Liberté d’entreprendre et normes de gestion

Dans ce livre, les auteurs reviennent notamment sur la notion de liberté d’entreprendre, qui a longtemps été présentée comme une justification de la dérégulation. Armand Hatchuel explore cette question en montrant au contraire que dans bien des cas, la norme est la condition qui permet aux entreprises de mener des projets collectifs ambitieux : qui dirait que la comptabilité va à l’encontre de la liberté d’entreprendre ? La nouveauté de ce développement, c’est de reconnaitre que la liberté d'entreprendre n'est non seulement pas contradictoire avec le fait de proposer des normes de bonne gestion, mais surtout n’est acceptable qu’en tant qu’elle s’exerce au bénéfice ceux à qui cette gestion s’adresse.

Protéger l‘intérêt général de demain

Et si on pensait l’entreprise au-delà de ses impacts mesurables, de ses externalités négatives (lorsque la production de biens – ou de services – nuit à une tierce partie) ?  
C’est l’approche de Blanche Segrestin pour qui « en définissant la mission de l’entreprise, on l’envisage au contraire dans un futur désirable ou souhaitable, ce qui restaure le rôle contributif de l’entreprise dans la société. L’occasion de se souvenir que l’intérêt général de demain n’est pas forcément connu. » Par exemple, le réseau ferré français, qui semble appartenir à notre patrimoine collectif résulte en réalité d’innovations et d’investissements consentis par les entreprises privées. La mission permettrait justement de protéger ce qui pourrait être l'intérêt général de demain. 

Droit : des normes au respect des engagements

Sur le plan juridique, le droit peut à la fois être le véhicule des nouvelles normes de gestion, et aider le dirigeant à respecter ses engagements. Dans les formes du droit contemporaines, le dirigeant peut s'engager mais sans moyen, ses initiatives restent fragiles – en cas de changement d'actionnaire ou d'opinion des actionnaires.

Est-ce que les normes de bonne gestion doivent être codifiées dans le droit ? Aujourd’hui, la transformation des actionnaires et de leurs actions nécessite justement de changer le droit pour rééquilibrer les forces en présence.

Pour aller plus loin : 

In dir. Blanche Segrestin et Kévin Levillain
Ont aussi contribué Rachelle Belinga, Hervé Guez, Armand Hatchuel et Stéphane Vernac.  

 

 

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